Médicaments et vaccination : accompagner les patientes enceintes
La grossesse nécessite une vigilance particulière à l’égard des médicaments et de la vaccination. L’Agence régionale de santé et l’Omedit Auvergne-Rhône-Alpes ont réalisé, avec leurs partenaires, plusieurs outils d’information et de sensibilisation que vous pouvez remettre à vos patientes, ou pour vous aider dans votre pratique.
Lors de la grossesse, si la maman prend des médicaments, l’enfant à naître sera lui aussi exposé. Il est donc important de ne pas commencer, modifier ou arrêter un traitement sans l’avis d’un professionnel de santé, médecin, pharmacien ou sage-femme.
La vaccination est essentielle pour la protection de la mère et celle de son nourrisson contre des maladies potentiellement graves (coqueluche, grippe, ou encore Covid-19). Avant sa grossesse, il est nécessaire de mettre à jour si besoin son statut vaccinal et surtout de réaliser les vaccinations qui ne pourront pas être réalisées durant la grossesse.
La vaccination concerne également l’entourage, afin que la mère et son enfant puissent bénéficier d’une meilleure protection collective (cocooning).
Un ensemble de structures ont été réunies par l’Agence Régionale de Santé (ARS) et l’Observatoires du Médicament, des Dispositifs médicaux et des Innovations Thérapeutiques (OMEDIT) Auvergne-Rhône-Alpes (ARA) afin de concevoir des documents de sensibilisation à l’utilisation des médicaments et de la vaccination chez la femme enceinte :
- Assurance maladie,
- Réseaux de périnatalité (RPAI, RP2S, RSPA, ELENA et AURORE),
- Le centre de pharmacovigilance de Lyon,
- Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) sages-femmes, médecins libéraux, pharmaciens,
- Associations de patients : Union Francophone des patients partenaires, France Asso Santé, Association Bien Naître et CIANE.
Les médicaments pendant la grossesse : une vigilance particulière
En cas de grossesse, il est important d’en informer tous les professionnels de santé.
Durant la grossesse, les médicaments, y compris la phytothérapie, les compléments alimentaires et les huiles essentielles, ne doivent pas être pris sans ordonnance. A noter que les médicaments sous forme de crème ou de pommade peuvent aussi avoir des effets néfastes sur le bébé. Peu de données scientifiques existent sur ces produits chez la femme enceinte et sont donc à éviter.
Attention aux anti-inflammatoires : les AINS, l’aspirine (> 500 mg/j) et les inhibiteurs sélectifs de COX-2 sont contre-indiqués à partir du 6ème mois de grossesse quelles que soient la durée et la voie d’administration. Avant le 6ème mois, ils sont déconseillés en raison du risque de fausse-couche ou de malformation du bébé.
- Risques de fausses couches, aspect malformatif, toxicité fœtale et/ou néonatale, cardio-vasculaire et/ou rénale.
- Plus le terme approche, plus le risque d’accident aigu est élevé avec une évolution possible vers la mort fœtale.
- La toxicité est majorée en cas de prise prolongée.
Le risque encouru dépend du médicament mais aussi de la dose, de la durée du traitement et du stade de la grossesse.
Fiches d’information professionnels de santé
Fiches d’information pour les femmes enceintes et vidéos vrai / faux
Les médicaments pendant l'allaitement
En cas d’allaitement ou de projet d’allaitement, il est important d’en informer tous les professionnels de santé.
La plupart des médicaments passe dans le lait maternel en quantité faible, mais de nombreux médicaments sont compatibles avec l'allaitement. Il est important de réévaluer chaque traitement au cas par cas, pour déterminer si l'allaitement est possible. La patiente doit être sensibilisée aux risques liés à l’automédication.
Focus sur la prise en charge de la douleur : le paracétamol et l'ibuprofène sont les médicaments les plus sûrs car ils passent en très faible quantité dans le lait maternel.
Fiche d’information professionnels de santé
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La vaccination avant et pendant la grossesse
Il est possible de vacciner la femme enceinte à différents moments de la grossesse
Avant la grossesse :
- Les vaccins contre la Rougeole – oreillons – rubéole (ROR) et contre la varicelle sont à réaliser au moins un mois avant le début de la grossesse.
- Les vaccins à virus vivant atténué sont contre-indiqués pendant la grossesse et ne peuvent être réalisés au-delà d’un mois avant le début d’une grossesse.
Pendant la grossesse : certains vaccins comme la grippe, la Covid-19 et la coqueluche sont à réaliser au cours de la grossesse.
- Pour la grippe quel que soit le stade de la grossesse, avant l’épidémie.
- Pour le Covid-19 dès le 1er trimestre.
- Contre la coqueluche à partir du 2ème trimestre (de préférence entre le 5ème et 8ème mois) et un rappel est à effectuer à chaque grossesse.
Au cours de la grossesse, certaines maladies peuvent avoir des conséquences graves pour la maman et son nourrisson : risque d’infection entrainant de possibles complications (pulmonaires, cardiaques, fausse-couche). Les anticorps transmis par une maman vaccinée à son nourrisson fournissent les défenses nécessaires, permettant à l'enfant de lutter contre ces maladies dès la naissance en attendant sa propre vaccination.
Les effets secondaires sont très modérés et identiques à toute vaccination (maux de tête, fatigue, douleurs musculaires). En fonction des connaissances actuelles, les bénéfices d’une vaccination pour les femmes enceintes et l’enfant à naître sont supérieurs aux risques.
Fiches d’information professionnels de santé
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La stratégie « cocooning », une protection pour le nouveau-né
La stratégie « cocooning » consiste à protéger les nourrissons non encore vaccinés en vaccinant leur entourage.
Le vaccin contre la coqueluche est recommandé pour la mère si elle n’a pas été vacciné pendant sa grossesse et pour toute personne en contact étroit avec le nourrissons au cours des 6 premiers mois.
- Si entourage non vacciné antérieurement : 1 dose.
- Si antérieurement vacciné et âgé de moins de 25 ans et dernière injection date de plus de 5 ans : 1 dose de rappel.
- Si antérieurement vacciné et âgé de plus de 25 ans et la dernière injection date de plus de 10 ans : 1 dose de rappel (hors contexte d'épidémie coqueluche).
Epidémie 2024 : Contexte de recrudescence marquée de la coqueluche en France depuis le début de l'année 2024
- La HAS renforce les recommandations vaccinales : Stratégie de vaccination contre la coqueluche dans le contexte épidémique
Pour répondre à la situation sanitaire actuelle, la HAS recommande que l’entourage proche (quel que soit son âge) du nouveau-né/nourrisson reçoive une dose de rappel de vaccin dTcaP si la vaccination anticoquelucheuse antérieure date de plus de 5 ans, contre un délai de 10 ans actuellement défini au calendrier vaccinal pour les plus de 25 ans.
- Le HCSP émet des recommandations relatives à la prévention de la transmission de coqueluche chez les personnes à haut risque et à risque de forme grave de la maladie : Recommandations HCSP
Le vaccin contre la grippe est recommandé pour les parents ou pour toute personne à risque en contact étroit avec le nourrisson.
- Le schéma est à adapter selon l’âge de la personne et le type de vaccin administré.
Le vaccin contre la varicelle est recommandé pour tous les adultes sans antécédents de varicelle.
- Varivax® : 2 doses espacées de 4 à 8 semaines.
- Varilrix® : 2 doses espacées de 6 à 10 semaines.
Le vaccin contre la rougeole – oreillons – rubéole (ROR) est recommandé pour la mère non à jour de ce vaccin avant la grossesse et pour les parents nés après 1980 et n’ayant pas reçu 2 doses de vaccin ROR.
- Selon le schéma vaccinal pour atteindre 2 doses de vaccin trivalent avec un délai minimal d’un mois entre les doses.
Fiches d’information professionnels de santé
Fiches d’information pour les femmes enceintes